L'histoire en quelques lignes...
Camp de Rivesaltes, 1942. Pour échapper à la déportation, Lena se marie à la hâte avec Michel, un soldat français, dont elle apprendra plus tard qu'il est juif, comme elle. Le couple se réfugie en Italie, où il vivra caché jusqu'à la fin de la guerre.
Dix ans plus tard, Lena et Michel sont tirés d'affaire et vivent à Lyon avec leurs deux filles. La jeune femme fait la connaissance de Madeleine, qui, après la fin brutale de son premier amour, a épousé Costa, un comédien raté aux combines foireuses, dont elle a un petit garçon. Les deux femmes s'amusent, partagent leurs espoirs déçus, leurs rêves.
Elles ne peuvent bientôt plus se passer l'une de l'autre, ce que leurs deux maris, Michel surtout, voient d'un mauvais œil.
Délicate incandescence
Après les noires années de guerre, deux femmes mal mariées, coincées dans des années 1950 à la misogynie sournoise mais où s'immisce un vent de liberté, s'aiment et s'aident mutuellement à s'affranchir du carcan conjugal.
Amour non consommé ou ardente amitié, le film ne tranche pas, et ce flou sied à son romanesque. Ce qui serait déjà une belle histoire d'émancipation prend une épaisseur supplémentaire, car le scénario s'inspire des souvenirs de jeunesse de Diane Kurys, marquée par l'exil, puis par le divorce de ses parents (Lena et Michel dans le film).
Porté par une excellente direction d'acteurs, le film met en scène un duo à la délicate incandescence – Isabelle Huppert et Miou-Miou, au diapason, malgré des tensions lors du tournage. Avec justesse, il entrecroise plusieurs points de vue – ceux des femmes, des hommes et des enfants –, évitant de clouer les deux maris au pilori, d'autant que Guy Marchand et Jean-Pierre Bacri défendent leurs personnages avec l'abattage qu'on leur connaît.
La reconstitution des années 1950, impeccable avec une pointe de sensualité, ajoute au charme de ce film, qui héritera d'une nomination à l'Oscar.